Atelier Urbain à Rotterdam - Adaptation au changement climatique
"Prevention is better than cure" Erasme (1466-1536), Citoyen de Rotterdam |
NB : Cette année, exceptionnellement, la promotion du Mastère Spécialisé EnvIM a participé à ce voyage afin d'étudier le port de Rotterdam dans le cadre de leur projet industriel franco-chinois portant sur l'écologie industrielle.
Rotterdam, un modèle de développement durable?
Rotterdam est une ville qui se renouvelle sans cesse. Elle accueille chaque année de nombreux projets industriels, architecturaux et urbains, qui brillent par leur innovation et par leur ampleur. Les étudiants des Mastères Spécialisés IGE sont allés étudier sur place les défis auxquels fait face Rotterdam, et les solutions que la ville met en oeuvre.
Repères
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Lundi 02 mars : Comprendre la ville et ses enjeux
La première journée du voyage a été l’occasion de découvrir l’histoire de l’urbanisation de Rotterdam, ses modes de gouvernance et d’organisation.
Nommée en 2014 par l’Académie Britannique d’Urbanisme « la ville la plus innovante en matière de développement urbain », Rotterdam est en perpétuel renouvellement. La ville conjugue une densité démographique et économique forte avec une bonne qualité de vie et une intégration sociale importante.
L'un des enjeux historiques du développement de la ville est la gestion de l’eau. Il est en effet vital pour Rotterdam -située sous le niveau de la mer- de maîtriser parfaitement l'ingénierie hydraulique (drainage, construction de digues, de barrages, etc.), pour en permanence repousser et évacuer l'eau. Une élévation du niveau de la mer, conséquence du réchauffement climatique, menace donc directement la région.
Les étudiants ont pu visiter le site historique de kinderdijk, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce site est situé dans un polder, au confluent de deux rivières (Lek et Noord). Des moulins à vent ont été construits au 18ème siècle pour drainer l’eau du sol et l’évacuer. L’ingénierie nécessaire à l’élaboration d’un tel système de drainage et les répercussions socio-économiques de ces moulins sont un bel exemple de l’ancrage dans la culture hollandaise de la gestion de l’eau.
Mardi 03 mars : Découvrir l’un des plus grands ports mondiaux
“Watching the ships roll in
Then I watch them roll away again, yeah
I'm sittin' on the dock of the bay
Watchin' the tide roll away, ooh”
(Sittin’ on) the dock of the bay, Otis Redding
Repères
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Carrefour des échanges de marchandises depuis des siècles, le port de Rotterdam s’adapte aux évolutions de l’économie mondiale avec succès : augmentation des capacités de tonnage, augmentation du nombre de containers transportés, parfaite intégration des différents modes de transport (maritime, routier et ferroviaire)... Il est aujourd'hui le premier port à conteneurs en Europe, et une interface économique majeure la connectant à l’économie mondiale. Il sert, entre autre, d'interface logistique à l'Allemagne pour l'export de son industrie lourde.
Le port est resté longtemps le plus important à l’échelle mondiale, mais s’est récemment fait détrôner par les nouveaux arrivants chinois (11 ports chinois dans le top 15 mondial).
Les performances exceptionnelles du port (445 millions de tonnes de marchandises en 2014) tiennent à la qualité du complexe portuaire, à sa situation géographique (accès facile, profondeur), aux stratégies de développement extensives de la ville et à sa connexion aux transports routiers et ferroviaires. Il est également un carrefour de premier plan pour le traitement d'hydrocarbures.
Face à une concurrence acharnée, Rotterdam doit garder une forte dynamique de développement pour rester compétitif, et ainsi mener une politique de développement expansive afin d'augmenter ses capacités d’accueil et de traitement de marchandises.
Du terrain a progressivement été gagné sur la mer, avec notamment la Maasvlakte (années 1960), une vaste zone industrialo-portuaire créée ex nihilo. En 2008, l’autorité portuaire a lancé un programme d’extension territoriale visant à gagner davantage de terrain sur la mer : Maasvlakte 2. Cet agrandissement du port, déjà long de 40km, augmentera de 20% sa superficie. Le coût de ce projet pharaonique est estimé à 2,8 Mds d’euros. La superficie conquise sur la mer sera alors de 2 000 hectares (dont 1 000 ha de terminaux à conteneurs, activités logistiques, chimie et énergies). Un réseau de 12 km de digues a été construit, et le tirant d'eau sera de 20 mètres. Le projet pourra permettre une augmentation des capacités de stockage allant jusqu’à 16 millions de conteneurs, connectés par des réseaux routiers (15 km) et ferrés (12 km).
Maasvlakte 2 a nécessité le déplacement d’environ 350 millions de tonnes de sable, prélevés en mer du nord. Pour toute considération écologique, une zone de quelques hectares, adjacente à Maasvlakte 2, sera protégée. Aucune mesure active de compensation écologique n’a été menée pour contrebalancer les pertes évidentes concernant la faune et la flore locale.
Mercredi 04 mars : Rencontre avec les acteurs de l’agriculture urbaine
Le mercredi, les étudiants ont enfourché un vélo afin de visiter plusieurs sites phares de l’agriculture urbaine. La ville s’est lancée il y a plusieurs années dans le développement de fermes urbaines, avec plusieurs objectifs : améliorer l’autonomie alimentaire de la ville, recycler des flux de matières et d’énergie, regrouper des secteurs d’activités distincts (élevage, maraîchage, pisciculture…), favoriser l’insertion sociale par l’activité ou encore reconvertir des friches urbaines.
- Améliorer l'autonomie alimentaire de la ville et réduire le nombre de kilomètres parcours par des denrées ;
- Mettre l'accent sur la qualité des aliments ;
- Recycler les flux de matières et d'énergie ;
- Regrouper des secteurs d'activité distincts (élevage, maraîchage, pisciculture...) ;
- Favoriser l'insertion sociale et créer des emplois ;
- Reconvertir des friches urbaines
Un Food Council (réunissant des banquiers, chefs d’entreprises, restaurants, commerçants, chercheurs…) a été mis en place pour conseiller l'administration communale sur la stratégie alimentaire.
Les projets d’agriculture urbaine visités par les étudiants étaient situés ou bien dans des zones excentrées de la ville, et répondait donc à des enjeux d’intégration sociale et économique de la périphérie, ou bien en plein cœur de la ville, répondant alors à un enjeu d’introduction de la nature dans un tissu urbain dense.
Toit entièrement végétalisé du Dakakker
Le projet Dakakker est un projet unique en Europe. Les toitures végétales sont habituellement composées de bacs dans lesquels poussent les plantes. Dans le cas de Dakkaker, l’intégralité du toit est recouverte de terre, sur laquelle pousse de nombreuses plantes potagères. Cette micro-agriculture est connectée à un circuit court (à destination des restaurants de proximité).
Les étudiants ont également visité l’ancienne piscine tropicale de la ville, laissée à l’abandon suite à une banqueroute en 2010. Devenu un fardeau pour la municipalité, des entrepreneurs ont proposé de reprendre le bâtiment, plutôt que de le détruire, pour en faire une ferme à champignons.
La ferme utilise du marc de café comme engrais, et produit chaque semaine entre 20 et 50 kg de champignons. Elle fournit des restaurants et traiteurs des environs.
La journée s’est terminée par une visite architecturale de la ville.
Jeudi 05 mars : Développement durable et métabolisme urbain
La dernière journée était centrée sur le développement durable et le métabolisme urbain. Les étudiants ont visité le site de RDM, ancien chantier naval reconverti en aire de recherche, de développement et de fabrication dans le domaine des clean-tech.
Innovation Dock, situé sur le site, est une ancienne salle des machine reconvertie en centre de recherche et d’innovation sur l’énergie, la construction et la mobilité. Il propose aux entreprises et aux universités un espace utilitaire pour installer leurs bureaux et leurs laboratoires. Innovation Dock est symbolique de la transition de Rotterdam, depuis une économie basée sur les produits manufacturés vers une économie de la connaissance.
Enfin, les étudiants on visité les Concept House du campus RDM. Les Concept House sont des expérimentations de nouveaux types d’habitants, combinant l’innovation technologiques et la durabilité. Plusieurs prototypes de maisons sont ainsi présents sur le site. Tous les aspects du développement durable sont pris en compte : réduction de la consommation énergétique et de l’emploi de ressources, réduction des émissions de gaz à effet de serre, gestion des eaux, transport… Les étudiants de l’Université de Rotterdam qui participent à la conception et au développement de ces projets.